Au cœur de Palma de Majorque, le boutique-hôtel Palacio Can Marques, rénové par la décoratrice Aline Matsika, distille une élégance contemporaine, alliée au charme intemporel d’une maison de famille ancienne.
Mais d’où vient cette impression, une fois franchie la grille du patio de cette demeure classée, nichée au coeur du quartier de la Lonja, dans la vieille ville de Palma de Majorque, que tout semble avoir toujours été là? Colonnes de pierre, volumes impressionnants, cheminées monumentales, boiseries… Ce palais du xviiie siècle, acquis par une famille patricienne locale, avant de devenir, en 1999, la maison de vacances de Kim Schindelhauer, son actuel propriétaire allemand, est resté longtemps quasi intact. Une histoire et une identité forte que, pour son premier projet hôtelier, la décoratrice française Aline Matsika avait à coeur de respecter. “Il n’était pas question de ‘découper’ et dénaturer le Palacio avec des chambres standard, mais de garder l’esprit d’une demeure ancienne, tout en imaginant des univers particuliers pour chaque suite”, explique-t-elle. Car ici, le luxe, c’est d’abord l’espace, avec un spectaculaire et rarissime escalier à double volée, en pierre de Santanyí, théâtralisé par des oeils-de-boeuf, un patio, un jardin et seulement treize suites personnalisées de 70 m2 en moyenne. “Pour garder une ligne directrice et un ‘flux’ harmonieux, j’ai partout privilégié des matériaux nobles, qui appartiennent au passé, poursuit Aline, comme la pierre claire de Binissalem, utilisée dans les rues de Palma, le marbre noir, les cuirs patinés, les luminaires en verre de Murano, des tapis tissés main et des tons intemporels. C’est d’ailleurs le vieux rose du mur mitoyen, sur la terrasse de la suite Rose, qui m’a inspiré sa palette.” Pour Aline, qui vient d’achever la rénovation d’une maison néoclassique à Zurich et d’un domaine sur les hauteurs de Cannes, l’atmosphère mid-century du Palacio, subtilement bousculée par le mobilier outdoor contemporain, les douches italiennes en Corian ou une palette de bleu roi, ciel et indigo, incarne “l’art de vivre inspirant des ruelles de Palma, cette ‘petite Barcelone’ à la fois ancrée dans la tradition et ouverte au monde”. Comme le port de plaisance tout proche – le plus important de Méditerranée – où cette experte du métissage, collectionneuse d’art africain et fan de voile, aime larguer les amarres.